jeudi 27 avril 2017

Ces rêves étranges... Hugo - Noa


« Et comme toujours de drôles de rêves traversent mes nuits, et je songe éveillé à des choses inouïes, comme tombé amoureux par exemple ».

J'ai beaucoup aimé ce passage car je trouve qu'il me correspond. Chaque nuit je rêve de choses différentes qui existent ou qui sont imaginaires comme de grands voyages aux Etats-Unis ou encore un retour en 1650 au temps de Louis XIV. Certes ces rêves sont très étranges mais mon rêve le plus fréquent est de tomber amoureux.

Mes impressions :

J'ai beaucoup aimé ce livre car il parle d'un jeune de mon âge. Cette histoire peut arriver à n'importe qui. Le choix de l'orientation peut s'avérer très difficiles pour certains. L'échec scolaire ainsi qu'une mauvaise orientation est très fréquente. Les jeunes sont rarement aidés et sont livrés à eux-mêmes.

Hugo D.

***

J'ai bien aimé ce livre car la vie de Robin c'est la vie de certains jeunes qui sont en échec scolaire mais qui ne sont pas aidés, ils doivent se débrouiller seuls pour leur avenir sans accompagnement. En revanche ce que j'ai moins bien aimé c'est qu'il n'y avait pas de suspense, il n'y avait pas cette chose qui donne envie de continuer à lire la suite.

Noa

Et mes yeux se sont fermés - Manoah - Zoé

Ce livre ne m'a pas vraiment plu. La guerre habite chaque page de ce livre, il ne m'inspire pas confiance... Je ne sais pas, je pense que c'est la guerre qui me repousse. La violence va si loin que ça me choque ! A la page 36, et et à la ligne 3 à 6, Maëlle (convertie à l'Islam et se nommant Ayat) dit à sa mère (qui cherchait simplement à enlacer sa fille): « Il y a seulement six mois, tu serais venu me chercher en Turquie, j'aurais été capable de te dénoncer aux frères pour qu'ils te tuent. J'aurais été capable de monter un piège pour ça. » Cette menace aura été l'une qui m'aura le plus marqué. Aucun enfant n'aurait parlé ou dit cela à sa mère. C'est quand même la femme qui la mise au monde ! Sa mère a essayé de la résonner je ne sais pas combien de fois, mais malheureusement en vain... Maëlle ne veut rien entendre. Ce qui m'a déplu aussi, c'est les "soeurs" qui influencent des filles qui n'ont rien demandées ! Surtout le fait de dire que le mal est partout! Je suis Révolté! Et le clou du spectacle...Envoyer les hommes mourir en martyr... Ce livre regorge de négativité et de froideur. Ce n'est vraiment pas un livre que j'ai aimé.

Manoah

***

J’ai trouvé ce livre très intéressant car il traite de l’actualité. L'auteur met en garde les lecteurs qui pourrait être embrigadés (surtout les jeunes car ils sont plus vulnérable).

Le seul point négatif : je trouve que Ayat est naïve car elle voit des choses inhumaines (massacres) mais elle ne réagit pas et surtout ne fuit pas. Je ne la comprends pas vraiment sur ce point là.

Zoé C.

Songe à la douceur - Noa

Songe à la douceur de Clémentine Beauvais

Le livre est drôle car à la page 52, Eugène essaye de réconforter quelqu'un en lui disant des phrases et à chaque fois il y a des parenthèses qui disent tout le contraire:

"Mais qu'il ne sait pas ce qu'il veut faire plus tard comme métier (excuse bidon)", "mais bien-sûr qu’il ne s'ennuie pas toujours (bien sûr que si)"

J'ai bien aimé le livre car c'est humoristique. J'ai bien aimé aussi car ce livre est écrit en vers, je ne voyais pas le temps passer, je cherchais toujours la ligne, c'était amusant et c'était la première fois que je lisais un livre en vers. L' histoire est assez étrange car lorsque l'on change de chapitre, on se retrouve soit dans le passé soit dans le futur j'avais du mal à comprendre. Autrement tout était très bien détaillé, pas très compliqué à lire.

Noa B.

lundi 24 avril 2017

Et mes yeux se sont fermés - Salomé



Les amants du génome - Jeanne

Et mes yeux se sont fermés - Louise


Et mes yeux se sont fermés - Quentin


Et mes yeux se sont fermés - Louise





Et mes yeux se sont fermés - Boîte-livre de Louise

Et mes yeux se sonté fermés - Clémence


Les amants du génome - Salomé


jeudi 6 avril 2017

Une couverture pour vos rêves étranges... Margot

Le carnet de rêves étranges... Margot

Le carnet de Robin, une suite poétique et très inspirée de Margot... Bravo!

Ces rêves étranges qui traversent mes nuits
(Suite)

Le carnet de Robin

J’ai refermé le carnet que m’avait offert Guilaine pour noter mes idées, et que j’avais utilisé par la même occasion pour noter mes impressions, ce qui me gonflait le cœur et que je ne voulais pas dire à voix haute, pour ne le garder que pour moi. Il était fini, plein. Il était épais de feuilles cornées d’être tournées trop souvent, il transpirait d’encre, d’émotions, de pensées. Je restai quelques secondes figé devant la couverture brune et simple, à l’élastique noir tranchant toute la longueur et qui refermait le carnet. Il était fini, une partie de ma vie, certes infime, mais tellement importante était finie. Du moins pour l’instant car je n’aurais qu’à prendre un autre carnet me direz-vous. Mais si vous n’avez jamais tenu de journal intime, vous ne pouvez pas savoir ce que c’est, de finir un journal. Un carnet. Une partie de votre vie. Il aura été votre compagnon pendant un moment, celui auquel vous aurez tout confié, vos pires pensées, vos plus belles joies, vos désirs, vos secrets, vos émotions. Il vous aura soutenu, écouté sans jamais juger. Il aura été là à chaque instant dur, chaque fois que l’on aura besoin de lui. Et lorsqu’il est terminé, c’est un peu comme quitter un ami cher. Un ami intime. On le relègue au placard et il faut en trouver un autre. Alors on cherche, le bon, celui qui nous tape dans l’œil. Ou alors on prend n’importe quoi qui pourrait servir de carnet, et on le personnalise, on le fait sien. Et on recommence, encore. Et c’est un peu le même ami que l’on retrouve à chaque fois. Même si on grandit, même si on mûrit, il ne change pas, il est stable, il est le pilier auquel on peut se raccrocher.

Machinalement, je me mis à feuilleter les pages noircies de gribouillages, de ratures, d’écritures. La première disait ceci, banale, ordinaire, même si aucune première page de carnet ne peut être ordinaire :



Nom : Ménard



Prénom : Robin



Âge : 16 ans



Profession : Baby sitter attitré de Julien Hooghe (dit aussi Jujube)



Hobby : Jouer dans des scènes de théâtre... Bon une scène de théâtre (pour l'instant)

                S'occuper de Jujube

                Cueillir des fleurs pour Guilaine

                Fumer des mégots ramassés par terre de temps en temps

                Parler de tout et de rien avec Dorine

A pour fâcheuse habitude de se fourrer dans des coups foireux (Bouboule reste encore un souvenir assez vivace dans sa mémoire...)



Aime : Faire du théâtre

                Malachite

                Dorine

                Etre avec Jujube

                Le bonheur et le soleil

                Dorine

                Les yeux d'Ayda

                Guilaine

                Ecouter son père chanter

                Dorine

                Mozzarella

                Dorine



N'aime pas : La déprime

                     Les coups foireux

                     Les engueulades

                     Les questions sur la vie



Puis, j’ai tourné les pages, encore et encore, m’arrêtant sur certaines, importantes, me remémorant, me souvenant, parfois les larmes aux yeux, ou le sourire aux lèvres…



Phoenix II

Enoushka

A Phoenix    Sur les toits

Dans une ville où la grisaille règne et que la misère                                   Et pourquoi pas ?

Je ne sais pas comment les appeler, ces hommes et ces femmes, qui vivent sur les toits et défient les lois de la gravité. Ceux qui dorment sur les bords de fenêtres, escaladent les cheminées et se dorent la pilule sur les tuiles éblouissantes au soleil. Les hommes-singes ? Les Humans ? Les Monkeys ? Les hommes des toits ?

Ou juste les Hommes, tout simplement ?

Une fille

Il y a parmi tout ce monde, une fille, à la fourrure soyeuse, aux yeux noirs comme deux petites billes pleines de chaleur et de fougue, une fille, elle, qui a l'agilité gracieuse la grâce d'une panthère.

Kahira. Nala. Nasca. Lillana. Enoushka ?

Enoushka grimpait aux pignons des petites maisons de banlieues, dévalait les gouttières, les parois des gratte-ciels, avec une rapidité et une agilité sans pareille. Ce n'était pas une femme des toits, c'était un oiseau qui avait perdu ses ailes. Mais pas sa grâce. Ni sa beauté et son mystère d'âme libre, d'ange déchu, cloué au sol. Enoushka était sauvage et passionnée. Très belle, silencieuse et aussi rebelle qu'un mustang. Crinière au vent, plantée Et tous les soirs elle stoppait sa course folle sur les toits de la ville pour admirer le soleil disparaître se coucher à l'horizon. Elle attendait jusqu'à ce que le dernier rayon disparaisse, crinière au vent, plantée tout en haut de la Tour Eiffel. Elle dominait le monde.

Et chaque soir toujours, elle caressait l'idée, l'effleurait, de partir à la découverte du monde, à l'aventure jusqu'au soleil.

Mais ce rêve elle le rangeait très vite, comme un secret interdit, une pensée dérangeante. Qui ne se sort pas au grand jour.

En réalité, elle le dissimulait pour ne pas que les démons de la nuit lui arrachent et lui enlèvent ôtent ainsi tout espoir de vivre. Un jour pour de bon.

Car quand venait la nuit, des hurlements déchirants hantaient déchiraient le silence, des ombres effrayantes dansaient venaient danser sur les murs sales et taggués et des murmures et des bruits de fuite menaçants venaient la hanter jusque dans son cœur...





Paris en terrasse

25 Juin

Cet après-midi, on s'est baladé dans Paris avec Dorine. On a parlé d'un peu de tout et de rien. Surtout de sa pièce, de la date de la représentation qui approchait à grands pas, et puis du soleil, de moi, de Phoenix, on s'est amusé à continuer les histoires que je lui raconte les soirs où elle m'appelle. On a croisé une bande de jeunes, habillés étrangement, tous en salopettes, jeans déchirés, ou corsages à rubans sombres. Les cheveux teints, quelques piercings, des tâches de peinture, un appareil photo pendouillant, du matériel de tournage. Je nous ai revus, un peu plus d'un mois plus tôt, la bande de Turquoise qui m'avait invité à les suivre au ciné, puis jusqu'au Paradis, un café assez sympathique. J'ai revu Ayda se secouer les cheveux, prendre des notes, commenter à peine, boire son soda avec délice et grâce. Puis Dorine, son petit sourire complice, ses ongles rongés et son adorable sourcil qui n'avait toujours pas cessé de tiquer. Et puis les autres.

Je nous ai revus, aussi jeunes et passionnés qu'on l'était aujourd'hui, Dorine et moi, lorsque j'étais plongé dans l'obscurité, que je ne savais rien, que je déprimais.

Ça avait changé à présent ! A présent, j'avais Dorine. A présent j'avais le théâtre. A présent j’avais Jujube et Guilaine.

Et la carte de Jacques Hooghe. Un but à ma vie. Un rêve réalisable.



On s'est arrêté dans un café, où les serveurs évoluaient comme sur une piste de danse, laissant dans leur sillage des images floues de plateaux étincelants et d'uniformes de pingouin. On s'est arrêté de parler un moment, on s'est juste sourit. Et on s'est regardé dans les yeux. Avant, je trouvais les yeux d'Ayda très jolis. C'est vrai qu'ils sont beaux, bleu turquoise et bien brillants, on n'en croise pas tous les jours des yeux comme ça. Mais ceux de Dorine étaient... Ceux de Dorine. Assez banals en réalité, uniques pour qui sait bien regarder. Chapeautés par ses sourcils asymétriques, un peu de vert, un peu de bleu, un peu de brun, un peu de gris, une lune noire perçant en plein milieu. Ayda, je les trouvais beaux, Dorine, ils étaient magnifiques et aussi originaux qu'on ne trouvait pas une seule Dorine pareille.

"- Au fait, ça s'est arrangé avec ta mère ?" elle m'avait demandé.

- Un peu, depuis qu'elle sait que je me prends un peu plus en charge qu'avant, même si pour elle, vouloir faire du cinéma et jouer à la baby sitter ne signifie pas "se prendre en charge" "

Ma mère, je ne l'avais pas revue depuis le fameux jour où j'avais voulu me réfugier chez elle et qu'elle m'avait mis à la porte. Elle m'avait simplement appelé à Malachites pour me dire qu'elle était contente pour moi, et que maintenant j'étais un grand garçon et que je pourrais me débrouiller tout seul. J'avais ouvert la bouche, pour déballer tout ce que je voulais lui dire, Dorine, Ayda, le ciné, le Petit Poucet, Jujube, Guilaine et Malachites, le kebab, papa, le soleil, l'odeur des fleurs...

Mais j'avais doucement refermé la bouche, au final, tout ça n'avait pas vraiment d'importance. Ma mère avait tourné la page, elle voulait bien de moi, mais de loin. Alors je l'ai simplement embrassée, je lui ai dit que je l'aimais, chose qu'on ne dit pas assez souvent, et puis j'ai raccroché.

Et je suis retourné à la chasse aux papillons avec Jujube dehors.

Quand on a eu fini de faire le tour du monde et de reconstruire la Terre, on a jeté la monnaie sur la table, abandonné nos verres vides depuis longtemps, et nous sommes partis.

On a flâné un peu le long de la Seine, main dans la main timidement, sur les quais, sur les ponts. On a observé des artistes à Montmartre, on s'est pris en photos devant le fameux cinéma dans lequel on s'était rencontré pour la première fois, on a ri, on a blagué, on a discuté, on a écouté la ville et nos cœurs qui battaient ensemble puis on est rentré.

C'était un après-midi plein de soleil, de bonheur et de pigeons parisiens.

On n’est pas des pigeons avec Dorine. On ne passe pas notre temps à roucouler. Nous on est deux hirondelles, taquines et envieuses de dévorer la vie à pleine dents.

Et on vole parfaitement synchro, aile contre aile, plume contre plume, chant du cœur, chant de liberté. Ça c'est Dorine et moi. Et Jujube. Et Moza.



Sortie à la mer

30 Juin

Ce week-end, Guilaine nous a proposé de partir à la mer du côté de Dieppe. Jujube a littéralement sauté de joie, on ne pouvait plus le tenir ! Il a couru comme un fou, faisant quatre fois le tour de la maison en hurlant sans s’arrêter, avant de s’avachir sur le canapé, soufflant comme un bœuf et rouge comme une tomate. Guilaine a même cru qu’il faisait une crise d’asthme ! Mais il s’est vite calmé quand elle a évoqué la possible annulation du voyage... Après elle m’a demandé si je voulais inviter Dorine, je lui ai juste fait un sourire resplendissant et ai foncé demander à Dorine, qui a accepté avec joie.



Quand on est sorti de la voiture, nos oreilles bourdonnaient encore de Chopin (Jujube l’avait réclamé tout le trajet et on s’était farci le piano trois heures d’affilée ! Pas que je n’aime pas Chopin, c’est très respectable mais à chaque morceau, la voix stridente de Jujube venait critiquer et commenter sans interruption, ce qui, durant trois heures à la suite, finissait par porter légèrement sur les nerfs) Et une petite bruine bien sympa nous avait accueillis. Ça valait le coup de se taper presque 200 bornes pour que le crachin parisien nous suive !



Bataille de sable mouillé, gerbes d’eau glacée, rires sonores et sourires ravis, au final on s’est retrouvé les fesses dans la vase océane, les joues maculées de sable et des coquillages plein les cheveux. Jujube s’est mis à grelotter alors on est vite rentrés dans un bar qui faisait chambres d’hôtes et Guilaine a supplié le patron en lui faisant les yeux doux. Il nous a jaugés un moment, tous les quatre plantés au beau milieu de son restaurant comme des idiots, tout dégoulinants, le regardant avec un air de chien battu mais une étincelle de rire dans les yeux. Il a dû nous prendre en pitié finalement car il nous a lâché dans une salle de bain, canards gauches et spongieux nageant dans nos vêtements trempés et nos fous rires hystériques.

Jujube s’est mis à hurler lorsque Guilaine a voulu lui donner sa douche. Elle a fini par abandonner pour revenir cinq secondes plus tard, affolée, lorsqu’un hurlement déchirant nous est parvenu de derrière la porte accompagné d’un gros « boum ! ». Le Jujube avait déboulé de la salle de bains, nu comme un vers et avait foncé sans regarder où il allait, droit sur la salle de restaurant. Figés, avec Dorine on avait entendu des exclamations et de grands rires étouffés depuis l’étage du dessous. Guilaine avait foncé récupérer son fils, en nous jetant un regard noir au passage, morts de rire dans notre coin, et l’avait ramené quelques minutes plus tard, grelottant, enroulé dans une serviette et complètement traumatisé.



Jujube a fait la tête durant tout le trajet du retour tandis que Dorine, Guilaine et moi, on n’a pas arrêté de plaisanter, rire et de le titiller. C’était génial. Maintenant on est rentré chez Guilaine, parce que j’habite chez elle maintenant, étant le « grand frère cosmique » de Jujube. L’air de la mer me manque un peu. C’était la première fois que j’y allais, enfin, j’y étais déjà allé avec le collège, mais ce n’était pas pareil.

Il y avait pas eu de Jujube déboulant de la salle de bain à poil, ni de Dorine rayonnante comme un petit soleil, le visage maculé de sable, ni de Guilaine, aussi folle, joyeuse et généreuse que d’habitude, qui me faisait impitoyablement manger de la vase, et la seconde d’après, faisait les yeux doux au barman.



Phoenix II

Les hommes des toits

Les hommes des toits vivaient « à la sauvage », ils faisaient du troc entre colonies ou fouillaient dans les épiceries désertées d’en bas. La nuit, ils se terraient dans leurs tentes fabriquées de sacs poubelles et autres objets et déchets récupérés Le soir, ils se racontaient des histoires autour du feu, chantaient et hululaient comme des hiboux afin d’éloigner les monstres de la nuit. Il n’y avait pas d’étoiles, elles avaient disparu depuis des années. Après l’Apocalypse, un énorme nuage avait recouvert la ville et caché le ciel aux hommes des toits. Depuis, le jour était gris et la nuit, d’un noir profond, seulement percé transpercé par quelques lucioles flamboyantes. Les hommes des toits mangeaient comme ils pouvaient, quelquefois ils chassaient des pigeons et les faisaient griller pour C’était des artistes, les uns chantaient ou jouaient des instruments du saxo, de la guitare, il y avait des mini concerts improvisés à tous les coins de toits. Les autres ornaient les murs et les toits de la ville de tags immenses et colorés, ainsi malgré la grisaille du jour, la ville était lumineuse et joyeuse, colorée et parfaitement maquillée afin de cacher la misère des quelques hommes d’en bas survivants et se terrant sous les porches, au pied des marches, sous les débris

La ville était très parfumée aussi, des effluves épicés cachaient la désagréable odeur de soufre qui régnait depuis l’Apocalypse. Ainsi, tout était pour rendre la vie belle à Phoenix II.

Phoenix II, réplique de la Phoenix paradisiaque originale. Les hommes des toits, à défaut de pouvoir rejoindre la véritable Phoenix, l’avaient ramenée chez eux, car l’espèce humaine était comme ça, elle veut tout avoir, même ce qu’elle n’a pas, et lorsqu’elle ne peut pas, elle refait, elle copie avait tout fait pour la reconstruire chez eux. Mais malgré ça, ils n’étaient pas heureux. Enoushka les voyait bien, tous ces défauts tellement énormes qu’ils étaient invisibles. La misère en bas des toits, les bébés aux corps bleus et morts, abandonnés dans les cheminées, les vieilles femmes trébuchant et tombant en une chute mortelle vers les pavés, subitement sujettes à l’attraction terrestre. Les cadavres entassés dans les bâtiments abandonnés, les yeux vides des enfants, la lenteur progressive des corps auparavant si agiles et forts, l’ennui et la routine qui engluait peu à peu la pseudo énergie des toits. La jeune femme ne voulait pas s’engluer, elle ne voulait pas souffler à plus soif, de tout son cœur et sa maigre énergie dans un saxo dans l’espoir qu’un monde meilleur s’ouvre à eux

La jeune femme ne voulait pas devenir comme eux, elle ne voulait pas s’abandonner au chagrin et à la mélancolie des siens. Orpheline de naissance, elle avait été abandonnée sur un coin de toit où une vieille femme l’avait accueillie dans un tas de vêtements, derrière la « tente » d’un gamin qui venait lui donner à manger tous les matins et tous les soirs, jusqu’à ce qu’il succombe lui aussi à la malédiction de Phoenix II.

Il lui avait tout appris, sauter de toits en toits, escalader les murs les plus lisses, se pendre aux fenêtres Toute seule, elle avait appris à sauter, marcher, courir sur les toits, à évoluer en défiant toutes les lois de la gravité, elle n’en faisait qu’à sa tête, n’avait aucune croyance, un seul rêve, rejoindre le soleil, et elle se contrefichait bien des moqueries des autres lorsqu’il la voyait jaillir, petite, sale et débraillée, au milieu d’eux. Elle restait donc seule Plusieurs fois, elle s’était fait dégager, rejeter, exclure de la surface si lisse et merveilleuse de Phoenix II, là où il ne fallait aucune défaillance, aucune tâche. Même les vieux, lorsqu’ils perdaient leur agilité et commençaient à devenir séniles, on leur demandait d’évacuer les plateaux, et les résistants étaient jetés du haut des immeubles et allaient s’écraser à terre, le corps démembré, disloqué, dans une flaque de sang, un dernier cri de vie 

Mais à présent qu’elle était jeune et belle, qu’elle avait grandi - oh elle n’avait pas perdu son look débraillé ni sa crinière lissée par le vent - les hommes des toits la regardaient avec fascination sauter de fenêtres en fenêtres avec l’agilité d’un singe, et grimper aux parois des murs sans failles, tel un lézard anguleux.

Mais elle ne se mêlait plus aux autres, elle les ignorait avec une indifférence presque méprisante sauvage, cela faisait bientôt 13 ans qu’elle n’avait adressé la parole à personne muette et silencieuse, elle se mettait à cracher comme un chat si on l’approchait de trop prêt. Elle aurait bientôt 18 ans, et elle était bien décidée à ne pas se laisser avoir par la malédiction de Phoenix II. Elle rejoindrait le soleil, laissant tomber la vraie Phoenix et sa réplique défaillante qui était aussi illusoire que le Dieu dans lequel les quelques hommes survivants croyaient encore.

Un jour, elle le savait, elle serait libre.



Sur les marches de l'immeuble

6 Juillet

Aujourd’hui, je me suis assis sur les marches de mon immeuble, au soleil, et j’y suis resté tout l’après-midi. J’ai réfléchi. Beaucoup. Ce qui ne m’était pas arrivé depuis un moment. Tout s’était enchaîné si vite que je n’avais pas eu le temps de me poser un moment et d’apprécier ce qui m’arrivait. Il y avait eu Jujube. Puis le théâtre. Puis Dorine. Puis Malachite. Puis l’emménagement chez Guilaine avec papa. Puis tous les moments de soleil et de bonheur, tous ces moments hors du temps typiques des vacances. Ces moments qu’en général, l’été nous offre, puis nous reprend à la fin d’Août.

Je ne laisserais pas l’été me reprendre mes rêves. Pour une fois que j’en ai, je n’ai certainement pas envie qu’on me les arrache.

Je veux faire du théâtre. Je veux faire du cinéma.

Ma première affirmation sûre et certaine depuis des mois.

J’avais gardé la carte de Jacques Hooghe sur ma table de nuit, je n’avais toujours pas osé l’appeler. Ou plutôt non, je n’avais pas encore trouvé le bon moment. Peut-être après les vacances, peut-être à la fin, peut-être demain. Ou même peut-être jamais. Mais une chose était sûre, je voulais jouer des rôles, je voulais me fondre dans la peau de personnages créés de toutes pièces, vivre des centaines de vies avant d’être vieux et tout ridé.

Le visage de Dorine m’était soudain apparu, pas que le fait d’être vieux et tout ridé me fasse penser à elle, quoique si, enfin non mais dans un autre sens ; elle n’est pas vieille, mais être vieux et tout ridé et avoir la chance de la connaître encore, de rester en contact me tente…

Rien que parce que c’était une très bonne amie, c’était une personne extraordinaire, pleine de vie, ambitieuse et volontaire, et passionnée de cinéma aussi. Et si on faisait notre petit truc ensemble ? On écrivait les pièces, elle filmait, je jouais, je filmais, elle jouait…

Je ne savais pas trop quoi penser de Dorine. Elle était même plus qu’une bonne amie, mais que dire de ce tumulte qui m’agitait lorsque ses yeux croisaient les miens et me souriaient ? De cet étrange frisson lorsque sa main effleurait la mienne ? De nos balades sur les quais de Seine, de nos appels du soir, de nos discussions, de nos rires complices ? Je n’ai jamais été amoureux, je ne pouvais pas savoir comment c’était ! Lorsque c’était Ayda qui hantait mes pensées, ce n’était pas pareil, c’était une sorte de jeu, une petite obsession et le mystère de son nom que je me plaisais à tenter de connaître. Dorine, c’était une amie, une confidente, une compagne de cinéma, celle qui m’avait sorti de l’ombre, une partenaire de danse dans le sable et l’eau de l’océan. Ressentait-elle le même désarroi que moi ? Peut-être n’étais-je qu’un très bon ami après tout.

Et peut-être qu’elle était aussi simplement comme la sœur que je n’avais jamais eu. Comme Guilaine qui me couvait comme une mère, à la place de celle qui n’avait pas su s’occuper de moi, comme Jujube qui me prenait pour son frère cosmique, ce qui était réciproque bien que je ne sache pas vraiment pourquoi « cosmique ». C’était étrange au début, ça faisait bizarre.

Peut-être que ce n’était que ça après tout.



Des cris et des rires joyeux m’avaient tiré de ma rêverie à ce moment-là. J’avais levé la tête et vu deux jeunes filles se taquiner puis s’enlacer, s’embrasser à pleine bouche, riant à gorges déployées. Une masse de cheveux bouclés avait volé à 360° et lorsque la jeune fille s’était retournée vers moi, j’ai croisé ses yeux. Turquoise.

« - Ayda ? »

Surpris. J’étais surpris. C’est vrai que c’était un peu étrange au début, deux femmes qui s’embrassaient devant vous. Surtout lorsque vous connaissiez la personne et que c’était celle qui avait hanté vos nuits et vous avait fait des avances ! Néanmoins, à la voir ainsi, rayonnante et amoureusement accrochée à l’autre jeune femme, une blonde élancée au corps de mannequin et qui devait faire saliver plus d’un homme, j’avais trouvé ça adorable. Et j’étais content pour elle.

« - Robin ? Ca faisait longtemps ! » s’était-elle exclamée en s’approchant, doigts entrelacés avec l’autre fille.

 - Oui, c’est bien de te revoir »

Elle m’avait souri d’un sourire éblouissant et m’avait fait un clin d’œil, comme une gosse qui s’apprêtait à déballer une surprise à sa meilleure amie.

« - C’est Katie, ma copine » avait-elle présenté, toute secouée de fierté et de joie non contenue, la jolie blonde.

La Katie en question m’avait souri, mais assez froidement, et elle avait demandé sur un ton presque agressif à Ayda :

« - C’est qui ? 

 - Robin Ménard, on fait du cinéma ensemble, je suis un ami » j’avais expliqué.

Ayda quant à elle avait éclaté de rire et lui avait chuchoté quelque chose à l’oreille. Je n’ai pas entendu, mais Katie avait ri elle aussi et avait protesté farouchement avant de l’entraîner en courant plus loin dans la rue. Ayda avait juste eu le temps de se retourner et de me lancer un « A la prochaine Robin ! » avant de se laisser emporter par sa tornade blonde.

J’étais rentré, le sourire aux lèvres, tout en me disant qu’elles étaient mignonnes toutes les deux, heureuses, libres et se foutant totalement de l’opinion publique.

Peut-être que je devrais faire ça moi aussi, me foutre du « qu’en dira-t-on » et oser appeler Jacques Hooghe pour lui parler de mon désir de faire du cinéma, malgré les réticences de ma mère. Ou alors oser parler à Dorine de choses que j’enfouissais au plus profond de moi. Même si je n’avais aucune idée de ce qu’elles voulaient dire. Au milieu du fatras de mes pensées, je ne savais laquelle choisir.

Mais comme Guilaine disait, il fallait prendre les problèmes les uns après les autres. C’était toujours plus facile plutôt que d’essayer de sauter par-dessus le tas et de s’écraser lamentablement dedans.



Phoenix II

Ailes de la nuit

Apeurée Terrifiée, elle courait à perdre haleine, sautant de toits en toits, de fenêtres en fenêtres, poursuivie par les fantômes du passé, les monstres du soir et de son angoisse. Des trous s'ouvraient sous ses pieds Les murs et les précipices semblaient surgir comme par magie devant et sous elle, plus d'une fois, Enoushka faillit lâcher prise tomber et succomber aux pièges de la nuit vicieuse et hypocrite. Les hurlements rageurs l'assourdissaient  lui remplissaient les oreilles l'assourdissaient et tranchaient dans le calme apparent, avec le bruit de ses pieds nus martelant les tuiles et son souffle bruyant et apeuré.

Soudain, elle tomba sentit une main décharnée et glacée l'attraper par l'épaule. Terrorisée Enoushka poussa un beuglement affolé cri de terreur et bondit en avant, tentant de se soustraire à l'étreinte mortelle de l'ombre derrière elle.

Mais au même moment, un gouffre s'ouvrit sous apparut devant elle, elle avait atteint le bout du toit. Utilisant son agilité extraordinaire, elle parvint à se retourner et se jeter à terre, juste au bord, évitant une chute mortelle. Elle se releva en un éclair, affolée et regarda dans tous les sens, cherchant une issue de secours, déjà les ombres

Emportée par son élan, Elle tenta de stopper sa course mais emportée par son élan, elle bascula dans le vide. Il y eut comme un déchirement au niveau de sa poitrine lors de sa chute, il lui sembla que son cœur éclatait jusque dans ses oreilles et que cela produisait un bruit assourdissant. Du sang, des cris, des larmes, le refus de tomber, le refus de se laisser aller et d'abandonner sa vie avant d'avoir pu accomplir ses rêves…

Soudain un choc violent lui coupa le souffle. Ne cherchant pas à comprendre, elle s'agrippa à ce qui venait de l'emporter. Un contact doux contre sa joue, des muscles se nouant et se dénouant sous elle, le vent dans ses cheveux, les larmes de joie dans ses yeux, elle se redressa d'un coup et contempla l'immensité sombre et parsemée de milliers de petites lumières étincelantes devant elle, au-dessus d'elle, à ses côtés...

Et sous elle, une couverture de nuages, une chape de brouillard formant un écran de fumée, une mer un océan grisaillant dissimulant et avalant à jamais les horreurs squelettiques et décharnées de la nuit...

Deux ailes puissantes, d'un noir profond et brillant, sculptées par les pennes larges et les longues plumes filtrant le vent, battaient de chaque côté de son corps. Ses jambes enfourchaient un corps fuselé mais musclé qu'elle sentait se tendre et se détendre en rythme avec le battement sourd des ailes dans ses oreilles surmonté d'une tête aux yeux aussi éclatants que les étoiles du ciel.

L'oiseau avait retrouvé son âme perdue.

Enoushka avait retrouvé ses ailes.

La femme des toits qui défiait les lois de la gravité et les courbes logiques du monde se colla à l'animal, et lentement, se fondit dans ses plumes, disparaissant peu à peu, enfouit sous les pennes sombres, son corps recouvert d'un fin duvet aussi blanc et pur que les colombes, jusqu'à ne faire plus qu'un avec l'oiseau.

Bientôt, dans la nuit, l'oiseau disparut, laissant une trace blanche et lumineuse au milieu des étoiles on ne vit plus que le cercle éclatant que formait le corps d'Enoushka, nichée logée dans le cœur de l'aigle noir.

C'est ainsi que fut créé la nouvelle Lune, condamnée à poursuivre le soleil sans jamais parvenir à attraper quelques-uns de ses baisers brûlants… Mais illuminant le ciel à nouveau, faisant fuir les monstres de la nuit et donnant une nouvelle lumière aux hommes des toits.

Enoushka. Lune.

Phoenix.



Dernière prise

12 Juillet

Ce soir, on a enfin bouclé la dernière prise. Le Petit Poucet. Au son tant attendu mais aussi tant redouté du « Coupez on la garde ! » Un tonnerre d’applaudissements avait retenti à la fin, de la part de tout le personnel qui s’occupait de toutes les choses auxquelles on ne pense pas forcément mais indispensables au bon déroulement du film. Tous les acteurs avaient salué, sagement alignés, un sourire rayonnant sur leurs visages peinturlurés et accueillant les ovations du « public » une fois, deux fois, trois fois ; les rappels n’en finissaient plus ! On se serait cru dans une vraie salle de théâtre ! Mais l’atmosphère avait commencé à devenir écrasante, j’essayais de reprendre conscience peu à peu, tentant de sortir de mon rôle, de me dire que c’était fini. Le trac et le stress refoulés pendant les derniers jours, éreintants, étaient montés d’un coup, jaillissant en vagues violentes. Mes mains étaient devenues moites, heureusement on s’est enfin retiré pour la dernière fois et on a disparu dans les coulisses. Mais ce n’était pas vraiment mieux, il y faisait une chaleur suffocante, rendant les effluves de parfums mélangés aux relents de transpiration, atroces. Des voix me parvenaient de loin, des éclats de rire, des sourires ravis, des mains dans le dos, sur la tête, dans les cheveux, des invitations, des acclamations, auxquels je ne répondais que d’un vague sourire ou d’un hochement de tête.

«  C’était génial Robin ! » « Bien joué, tu as du talent ! » « Déjà fini, hein ? » « C’était trop court ! » « Hey Robin, tu viens boire un verre avec nous ? » « Robin tu viens ? »

Le monde me paraissait flou, j’avais l’impression d’évoluer au ralenti, dans une masse cotonneuse. L’éclairage était trop lumineux, les bruits trop forts, les voix s’embrouillaient, je me serais cru dans un rêve. Tout s’enchaînait, me passait sous le nez, sans que j’aie le temps d’assimiler la chose. Le temps défilait sans que je puisse le retenir, j’étais encore devant la caméra, à jouer Oscar, le grand frère du Petit Poucet.

Des bouffées de chaleur me prenaient, et une sensation de vertige me faisait chanceler. Je serais sûrement tombé si une main fraîche et légère ne s’était pas posée sur mon bras, me ramenant à la réalité, m’accrochant au sol dur et ferme. Une voix familière avait tranché dans le tumulte alentour :

« - On va faire un tour dehors ? 

Des yeux surmontés de sourcils asymétriques avaient croisé mon regard, comme un phare dans la tempête qui faisait rage autour et en moi.

 - Ouais » avais-je acquiescé, avec gratitude.

On est sorti dans l’obscurité de la nuit, la fraîcheur d’une petite brise délicieuse est venue nous cueillir, nous faisant un bien fou.

 - C’est plus calme ici » avait murmuré Dorine.

Elle aussi devait être sous le choc d’avoir fini le tournage pour de bon ! Même si il restait encore du boulot après, le tournage était fini, le reste serait plus calme. Elle avait super bien bossé, j’étais fier et heureux pour elle.

Sans répondre, je lui ai pris la main, goûtant le silence et l’odeur parfumée des fleurs du jardin dans l’arrière-cour. Lentement, j’ai senti un étrange sentiment monter en moi. Une sorte de rire soulagé, une impression de puissance, comme si à présent j’avais les clés pour dominer le monde entier, du bonheur à l’état pur. Une sorte d’euphorie mélangée aux frissons remontant le long de mon bras, dans mon échine, faisant palpiter mon cœur un peu plus vite, un peu plus fort…

«- On l’a fait !, j’’avais lâché, presque surpris de ma propre affirmation.

 - Oui, on l’a fait et ça a été génial ! Tu as été génial » avait-elle ajouté, en me regardant avec des yeux brillants.

 - Le succès te revient entièrement, c’est toi qui a tout fait, c’était un boulot énorme ! 

 - C’était dur, mais c’était un vrai plaisir » avait-elle répondu simplement, avec sa modestie habituelle.

Je lui ai souri, elle m’a souri. Je l’ai regardée. Elle m’a regardé. Nos yeux se sont perdus les uns dans les autres. On s’est embrassé. Puis on a ri, comme deux gamins complices et on s’est encore embrassé. Et on a ri de nouveau. Et on s’est embrassé. On a ri. On s’est embrassé en riant.

Puis on a rejoint la troupe, et on est allé boire un verre au bar d’à côté. Toute la soirée, ma main est restée enroulée autour de celle de Dorine, mon regard accroché au sien, partageant un secret rien qu’à nous.

Le secret d’être heureux…