J’avais faim, je me dirigeais vers le restaurant familial pour déjeuner, comme souvent.
Ma mère m’appela soudain pour me demander si ce midi, je serai accompagnée, elle me le demande d’ailleurs sans arrêt mais elle connaît la réponse, c’est toujours catégoriquement non.
Mais aujourd’hui, j’avais besoin de changement, donc je lui ai dit oui, ce qui l’a surprise et elle m’a ensuite demandé :
« et qui est cette personne ?,
-C’est Sean, un ami » ;
Elle ne rajouta rien, ce qui voulait dire qu’elle était d’accord.
Je me suis retrouvée coincée, si j’arrivais seule, ma mère me prendrait pour une folle, et de l’autre, je devais proposer à Sean ce déjeuner. J’ai donc fait clair, je suis allée directement au but. Lorsque j’ai appelé Sean, il semblait ailleurs et hésitant, pris au dépourvu, mais il a finalement accepté. J’ai donc attendu en repensant au défi, aux manifestations, au Che et une petite idée m’est venue : je devais présenter mon beau-père à Kinsley. J’ai simplement dit à Jérôme qu’il pouvait passer à ma table s’il avait le temps.
La mine au loin de Sean, perdu, me fit sortir de mes pensées. Il s’approcha de ma table après m’avoir enfin repérée. Ma mère avait fait préparer une des plus belles tables du restaurant ce qui impressionna encore davantage Sean. Je lui ai proposé la carte pour qu’il fasse son choix, de temps à autres ses yeux s’agrandissaient. Après un petit moment il avait choisi, au hasard il dit « la langouste façon Richard ».
J’ai trouvé ça terriblement mignon, la naïveté de son choix.
J’avais remarqué lorsqu’il est arrivé qu’une odeur de parfum masculin flottait dans l’air. Après notre commande, j’ai abordé le sujet de son père et de ses tableaux, le seul que j’ai trouvé sur le moment et ça l’a satisfait à première vue.
Il était en train de m’expliquer pourquoi son père n’avait pas de book, je m’en doutais mais je voulais m’en assurer. Lorsque j’ai vu mon beau-père arriver, le torse bombé, la tête haute, comme un coq dans une basse-cour, j’ai ri. Il était pathétique. J’ai attendu qu’il vienne s’asseoir à notre table comme à son habitude.
J’étais excitée à l’idée que le Che mangerait avec son rival. Le moins du monde gêné, Jérôme s’installa et je fis les présentations l’air innocente.
Mon beau-père commença par une pique d’entrée et j’ai tout de suite vu que Sean était touché, la rage à la gorge, il est entré dans son jeu comme je l’imaginais.
Après avoir appelé Sean, une heure plus tôt, j’avais prévenu Sarah de ce repas parce que je savais que la discussion entre Bayard et le Che serait importante pour elle. Je les ai donc laissé débattre sur les classes sociales jusqu’à ce que Sean élève la voix, ce qui fit tourner quelques têtes dans notre direction. Je prenais un malin plaisir à les regarder ainsi, jusqu’à ce que mon beau-père se lève et tapote l’épaule de Sean. Il s’en alla, fier, les regards braqués sur lui, tellement arrogant.
Sean m’a regardée assez longtemps pour que je comprenne qu’il était perdu. Je lui ai proposé un dessert, nous avons un peu parlé, puis il décida de partir. Je crois qu’il m’en veut depuis que je lui ai avoué pour Sarah et Bayard. C’était quand même un moment amusant. Nous verrons par la suite…
Marie Morel
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